Être sans toit – Aldrick Le Mat

Être sans toit – Aldrick Le Mat

 

Par les cieux qui enterrent les corps

Les lentes et lointaines lueurs stellaires

N’ont plus un grain d’espoir en leurs lumières,

Aux yeux haletants d’un pauvre dehors.

 

De cette carcasse givrée et roide,

Les dents, seules, éclatent et claquent aux nuées

Et la Lune étalant sa clarté froide,

Soustrait toute la chaleur des buées 

 

Dans la nuit mortuaire l’homme se tait

Au matelas cartonné de circonstance.

Quand les gens le regardent, sans l’aider 

Le trottoir n’est que moderne potence.

 

Il n’a demandé le ciel, seul un toit

Et ses mains suffocantes et essoufflées

Ont été saisies par un vent si froid

Que leur peau en entier s’est décollée. 

 

Or nul ne voit ce grelot violacée

Qui se crève en spasmes permanents,

Et nul songe, nul amour, nulle pensée

Ne peut panser son malheur immanent

 

Car il ne sait pas s’il pleure ou s’il pleut

Il s’endort près d’un égout dégoûté.

Encore tremblant, son corps un peu plus bleu

S’engloutit dans un dégoût égoutté 

 

C’est bordé aux draps froissés d’un journal

Qu’il se glace et s’éteint en ne laissant

Rien qu’un chaleureux sourire naissant :

À l’idée d’avoir une mort égale.

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9 Commentaires
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Jean-Marie Audrain
Modérateur
3 décembre 2020 8 h 39 min

Si tu écris ce que tu vis tu as de la chance de ne pas avoir les doigts gelés, et même deux fois. . Magnifique portrait de l’homme de la nuit de nos rues. Tel un fantôme qui n’a que la nuit pour cacher sa détresse et sa carcasse.

Nabil Khennous
Membre
2 décembre 2020 22 h 27 min

L’avant dernière strophe fonctionne à merveille, plus encore elle m’a pleinement touché, merci!

Mohamadine Farsi
Membre
2 décembre 2020 10 h 44 min

Superbe.Je me suis senti le temps du poème à leur place.Merci à vous.

Lucienne Maville-Anku
Membre
1 décembre 2020 15 h 40 min

Émouvant, tragique et dramatique.
Indifférence qui me laisse pas indifférent…

Beau texte profond.

“Car il ne sait pas s’il pleure ou s’il pleut
Il s’endort près d’un égout dégoûté.
Encore tremblant, son corps un peu plus bleu
S’engloutit dans un dégoût égoutté”

Merci, Aldrick.

Alain Salvador
Membre
1 décembre 2020 13 h 02 min

Un poignant réquisitoire comme l’égoïsme et les regards détournés
Bravo jeune homme