Être sans toit – Aldrick Le Mat
Par les cieux qui enterrent les corps
Les lentes et lointaines lueurs stellaires
N’ont plus un grain d’espoir en leurs lumières,
Aux yeux haletants d’un pauvre dehors.
De cette carcasse givrée et roide,
Les dents, seules, éclatent et claquent aux nuées
Et la Lune étalant sa clarté froide,
Soustrait toute la chaleur des buées
Dans la nuit mortuaire l’homme se tait
Au matelas cartonné de circonstance.
Quand les gens le regardent, sans l’aider
Le trottoir n’est que moderne potence.
Il n’a demandé le ciel, seul un toit
Et ses mains suffocantes et essoufflées
Ont été saisies par un vent si froid
Que leur peau en entier s’est décollée.
Or nul ne voit ce grelot violacée
Qui se crève en spasmes permanents,
Et nul songe, nul amour, nulle pensée
Ne peut panser son malheur immanent
Car il ne sait pas s’il pleure ou s’il pleut
Il s’endort près d’un égout dégoûté.
Encore tremblant, son corps un peu plus bleu
S’engloutit dans un dégoût égoutté
C’est bordé aux draps froissés d’un journal
Qu’il se glace et s’éteint en ne laissant
Rien qu’un chaleureux sourire naissant :
À l’idée d’avoir une mort égale.
Si tu écris ce que tu vis tu as de la chance de ne pas avoir les doigts gelés, et même deux fois. . Magnifique portrait de l’homme de la nuit de nos rues. Tel un fantôme qui n’a que la nuit pour cacher sa détresse et sa carcasse.
L’avant dernière strophe fonctionne à merveille, plus encore elle m’a pleinement touché, merci!
Superbe.Je me suis senti le temps du poème à leur place.Merci à vous.
Émouvant, tragique et dramatique.
Indifférence qui me laisse pas indifférent…
Beau texte profond.
“Car il ne sait pas s’il pleure ou s’il pleut
Il s’endort près d’un égout dégoûté.
Encore tremblant, son corps un peu plus bleu
S’engloutit dans un dégoût égoutté”
Merci, Aldrick.
Un poignant réquisitoire comme l’égoïsme et les regards détournés
Bravo jeune homme