Vaillante attitude – David Frenkel

Il ne payait pas de mine

Et travaillait à l’usine

On ne le remarquait guère

Il ne cherchait pas à plaire

 

Tout ce qui lui importait

C’était un travail bien fait

On ne l’a jamais promu

Car quand il était ému

 

Il souffrait de bégaiement

Qui les gênait grandement

Il s’était fait affecté

Dans la comptabilité

 

Après avoir travaillé

Dans l’insalubre atelier

Où l’on repeint des voitures

Aux délétères teintures

 

Cela faisait trente années

Que l’homme avait donné

Le meilleur de sa personne

Avant que la crise tonne

 

Le patron de l’entreprise

Voulant préserver sa mise

Convoqua cet homme preux

Et lui dit oui c’est affreux

 

Mais je dois vous licencier

Ou réduire de moitié

Votre rémunération

Je n’ai que ces solutions

 

Votre vieillesse me peine

Car vous restez à la traîne

C’est alors qu’une collègue

Prit en sympathie le bègue

 

Elle alla trouver son chef

Son franc parler était bref

Qui sait peut-être qu’un jour

Cela sera votre tour

 

Le supérieur tout en nage

Fit preuve d’un grand courage

N’agissez point de la sorte

dit-il d’une voix qui porte

 

En s’adressant au patron

Ne faites pas un affront

A ce travailleur fidèle

S’emporta-t-il de plus belle

 

Son âge ne doit pas être

Le prétexte pour le mettre

Dans la charrette des exclus

Il ne s’en remettra plus

 

Gardez ce brave employé

Qui s’est longtemps fourvoyé

En votre reconnaissance

Renoncez à la licence

 

Des mœurs économiques

Cela serait magnifique

Ce discours fit impression

L’homme restait en fonction

 

Ô vaillante attitude

Vous longez la rectitude

D’un beau trait de caractère

Aboutissant aux critères

D’une noble aspiration

Sublime consécration

 

David Frenkel

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David Frenkel

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Je me suis un jour juré de faire cohabiter sur une feuille blanche le verbe et son sujet. Le sujet se rebiffe souvent lorsque le verbe brasse du vent. Vers l’âge de cinquante-six ans, ma plume trépigna d’impatience, elle désirait voir si les deux, après entente et plus, enfanteraient en direct et en toutes circonstances un complément. Je la pris par la main et la promenai le long de mes pages, et en rebroussant souvent chemin. Le front en sueur, elle aperçut après des heures de marche le nouveau-né, la prose d’un écrivain que la vie avait malmené.

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Guy Corsiglia
Membre
8 août 2023 10 h 42 min

Une histoire élégamment exprimée avec des rebondissements qui apporte de l’espérance en proposant une alternative aux mœurs capitalistes.