Thésée et le Minotaure – Charly

Dans des temps très anciens dans l’île de Crète
Quatorze jeunes gens sont promis à la Bête
Sept filles et sept garçons nobles d’Athènes
Mangés par le Minotaure plein de haine
Minos roi de Crète perdit son fils Androgée
Tué par un lion en chassant avec Egée
Roi d’Athènes rendu fautif de ce drame
Par Minos exigeant ce tribut infâme
Minos eut un autre fils sorte de monstre
Une tête de taureau sur un corps d’homme
Le Minotaure coït contre nature
Entre sa femme et un auroch en pâture
Trompée par un Dieu frustré de l’urus promis
Elle se grima en vache pour cette vilenie
On cloîtra le monstre dans le Labyrinthe
Inspiré du marché couvert de Corinthe
Quatorze Athéniens meurent tous les neuf ans
Dévorés par le Minotaure sauf les dents

                              ***

Voici Cnossos capitale de la Crète
Thésée reçoit Filos à la bonne franquette
Il loge dans un des meublés d’Irène
Qui loue souvent aux voyageurs d’Athènes
Avec sa cuillère Thésée tourne en rond
Une bonne odeur émane du chaudron

Filos
Thésée mon ami pourquoi ne t’entraines-tu pas ?
Où sont tes haltères et ton sac de pugilat ?

Thésée
Je suis trop courbatu aux muscles des fesses
Depuis mes terribles courses avec Héraclès

Filos
Dans cet état comment vaincre Minotaure ?
Et délivrer Athènes de son triste sort ?

Thésée
Héros grec la force n’est pas ma seule arme
De la chance je peux maîtriser les charmes

Filos
Quand comptes-tu exercer cette maîtrise ?
En faisant la confiture de cerise ?

Thésée
Cette cuisine est le premier numéro
D’une cascade de douze dominos
Au douze la bête cessera de nuire
Et de Minos s’apaisera l’ire

Filos
Et comment sortiras-tu du labyrinthe ?
Grâce au fil d’Ariane dont l’amour t’éreinte ?

Thésée

Non les mythes vieillissent comme les nanas
Ariane met des binocles pour lire L’Agora
Elle file moins bien et ses liens sont cassants
Elle n’a plus pour moi cet amour adolescent
Depuis que son cœur s’est tourné vers Dionysos
Qui volage est attiré par les sacs d’os
Karouli le grand expert de la palangrotte
Vend du fil fin solide sans fausse note
Filos mon cher ami j’ai du mal à arquer
Ce fil chez Karouli veux-tu bien me l’acheter ?

Filos
Tes prétentions sont par Hermès incroyables !
Mais attendant la fin je serai serviable

***

Tout se passa comme Thésée l’avait prévu
Narrons-le au passé simple bien entendu
Thésée poussa le domino qui en tombant
Précipita la chute des onze suivants

/

A la fin de la cuisson la bonne odeur
Fit venir Théodoric le germain sans peur
Plein d’entrain le jour de tristesse la nuit
Rêvant du temps des cerises en Germanie
A ce fameux compagnon de cavalcade
Thésée offrit un pot de sa marmelade

//

Chez Irène on est comme à Athènes !
Et Théodoric séjourna chez Irène
Quand il rentra chez lui plein d’avidité
Ses tartines finirent le pot en entier
Après cette gourmandise il s’endormit
Sa taille brillant d’une boucle d’or jolie
Langastée le voleur attendit à l’affût (1)
Il lui piqua la ceinture et disparut

///

Langastée pour fourguer la boucle ouvragée
Se rendit chez Talketapolis le joaillier
Qui reconnut un objet de belle facture
Avec en relief Wotan sur sa monture
Mais même pour le mari de sa sœur Suzel
Honnête il ne put accepter le recel
Hop ! La boucle d’or au cavalier idéal
Lui inspira une balade à cheval

////

Talketapolis sur son poney s’en alla
Fleurs et papillons d’or bientôt il s’égara
Arrivant dans un vallon plein de fruits tombés
Le cheval se reput de ces mets fermentés
L’homme monta dans l’arbre cueillir des figues
Son dada saoul raide comme une digue

Alors Apolline passa sous le figuier
Avec sa peau blanche et son décolleté
Talketapolis eut un geste maladroit
Plaf ! Une figue beaucoup trop mûre chuta
Pour éclater sur le sein droit de la beauté
Qui ne vit pas dans l’arbre l’homme embarrassé

/////

Pour se laver de toute cette salissure
Apolline trouva une onde pure
Se baissant elle aperçut dans sa robe
Roulé bien au chaud le joli billet rose
La lettre de Chèréos son amant aimé
Qu’elle relut plusieurs fois jusqu’à s’enivrer
Elle tarda et Chèréos triste mine
Languit au Temple des Deux Cornes Divines (2)

//////

Apolline au temple arriva enfin
Et elle comprit de Chèréos le chagrin
La Crète mal gouvernée était attaquée
Par le royaume des Lentaménoposés (3)
Malheur si Chèréos mourrait à la guerre
Apolline hurlant se jeta à terre

///////

Surpris un aurige fit une embardée
Paf ! Son char renversa Marie-La-Désolée
Adolescente promise au Minotaure
Dont cet accident tira de ce mauvais sort
Minos voulant des jeunes en pleine santé
Marie-La-Désolée blessée fut refusée

////////

Il fallut dénicher une remplaçante
Presque personne sur la liste d’attente
A l’exception de la petite Rondine
Sans blé pour soudoyer pas assez rupine
La plus forte des Amazones cria Grâce !
Quand Rondine l’eut rossée dur au pancrace
Rondine bien musclée surtout les fessiers
Apparut charmante une fois bien habillée

/////////

La terreur de Rondine fut cathartique
Les sacrifiés tinrent conseil stratégique
Le Minotaure tarderait à nous manger
Si on pouvait calmer sa faim par d’autres mets
La lente digestion réduirait sa vigueur
Plus de chances pour nous d’abattre ce tueur

Des galettes à la farine de pois chis (4)
Ils achetèrent chez Estakopanis
Rondine voulant affronter le Minotaure
Lui paya de l’huile pour oindre tout son corps
Filos apporta le fil de chez Karouli
Puis dans l’antre ils entrèrent entre midi

//////////

Le Minotaure se goinfra de galettes
Qu’il arrosa bien de Krystal-Anisette
Comme dopé le pauvre Acnée il pressa
Du pas haut de sa taille Rondine frappa

///////////

La Bête sous une avalanche de gnons
Ne put saisir la Belle ointe pour de bon
Très robuste le Monstre n’eut pas vraiment mal
Même atteint à ses parties génitales
Impossible de l’avoir à l’étranglure
Au cou brisé avec cette encolure
Seule à se battre la Belle fatiguait
Cette Bête finirait bien par la tuer

////////////

Être oint le Monstre trouva ça très joli
Il dit à Rondine de l’oindre aussi
Qui ravie de ce répit ne se fit pas prier
Espérant découvrir comment le terrasser
Pour la première fois son corps on cajola
Alors amoureux de la belle il tomba
Sa queue son mufle et ses cornes fondirent
Il devint un bel homme prêt à séduire
Elle bouleversée par ce nouveau tendre
De toute son âme l’aima sans attendre

***

Par onction le pauvre Acnée fut bien soigné

***

L’aurige épousa Marie-La-Désolée

***

Un nouveau fils ! Minos retrouva le bonheur
Hop ! Contre Athènes éteignit sa rancœur
Calma les ardeurs des Lentaménoposés
Oui ! La guerre finit avant de commencer

***

Rondine combattante dans l’allégresse
Continua à bien se muscler les fesses
Minotaure se renomma Lamborghinis (6)
Et construisit des chars à la coque lisse
Ils formèrent un couple étrange et beau
Ils eurent quatre enfants mais jamais de veau

***

Egée allait guetter le bateau de Thésée
Une voile blanche et son fils arrivait
Une voile noire et son fils était mort
Non ! Ils mirent la couleur du Minotaure !
S’il l’avait vu le vieil homme se suicidait
Se noyant dans la mer aux îles parfumées

Mais bientôt opéré de la cataracte
Il ne vit au loin que du brouillard opaque
Et ses fidèles serviteurs compatissants
Lui cachèrent bien la noirceur du gréement

Retrouvant son fils ses longues larmes de joie
Changèrent la couleur de la mer en bleu roi
Alors cette part de la Méditerranée
Fut nommée à juste titre la mer Égée

***

Athènes nos deux compagnons sous la treille
Trempent leurs lèvres dans du vin de groseille

Filos
Tout ça est tiré par les cheveux d’un chauve

Thésée
C’est tiré par les cheveux d’un chauve oint

Filos
Une blague de Mas… quand ça existera (7)

Thésée
Oh Mas…toujours un peu grecque restera

***

Hermès et Aphrodite se sont amusés
A faire une bonne farce à Thésée
Qui a bien cru pouvoir gouverner la chance
Erreur ! Le Dieu arrangea les circonstances
La Déesse signa les métamorphoses
Puis aida au pardon des vilaines choses (8)

Remerciements

Je remercie les artisans et les commerçants crétois sans qui rien n’aurait été possible :

Chez Irène on est comme à Athènes

L’Agora le journal fait par les crétois

Karouli le grand expert de la palangrotte

Langastée vente d’objets d’art

Talketapolis le joaillier d’Apolline

Estakopanis les galettes de la tradition

Le Krystal-Anisette pour boire le monde de la Crète

Le char Lamborghinis la classe du taureau en rut (2)

Notes

  1. Bien des siècles plus tard, le nom crétois Langastée a engendré le mot occitan « langaste » qui désigne une tique. Comme quoi, les chiens ne font pas des chats.
  2. Avant son intégration dans la grande civilisation grecque la culture crétoise ancienne était un peu grossière.
  3. Lentaménoposés signifie, en ancien crétois, « méchants et laids ».
  4. Pois chis : pois chiche hellène.
  5. Le nom grec Acnée a souvent été porté dans le vieux royaume de Juvénile.
  6. A la grande époque des chars à pétrole, la marque Lamborghini produisit des véhicules de très haut de gamme avec comme emblème un taureau. Il est des coïncidences troublantes.
  7. Mas pour Massalia. Massalia n’existera que bien des siècles plus tard. Nos compères voient l’avenir lointain mais sont un peu myopes.
  8. Certains personnages de cette histoire ont de vilaines choses à pardonner aux autres ou à eux-mêmes. La déesse de l’amour les soutient dans cette tâche.

Guy Corsiglia 2022, déposé en 2023

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Guy Corsiglia

Charly (11)

Je souhaite faire partager mes poèmes pour donner du plaisir, pour la fraternité, pour le savoir et la réflexion.
Merci à tous les artistes dont les œuvres me donnent envie d'écrire : Charles Trenet, Jacques Prévert, Pierre Perret, Georges Brassens, René Goscinny, Frederico Fellini, Aram Khatchatourian et d'autres aussi.

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Anne Cailloux
Membre
24 janvier 2024 16 h 32 min

L’entité du Colisée
Á l’ombre du Colisée, le soleil vespéral se couche aux pieds des voûtes brisées, offrant des broderies séculaires à notre dame la terre.
Il se murmure, qu’une partie de poker a eu lieu ici, une nuit, entre le ciel et l’enfer, entre l’ô et le feu entre les diables et les dieux, entre cupidon et pluton.
Le gagnant a des yeux, fait avec les braises de l’enfer et une nuance d’iris, qui n’existe dans aucune palette de peintre.
 L’homme descend les marches, tel un dieu, magnifiant l’édifice, faisant revivre des plaisirs séculaires qui dormaient en lui depuis la nuit des temps.
 
Plus haut, dans le Colisée, assis sur un fragment de pilier, ce trouve le plus illustre de ses ancêtres, l’Empereur romain Titus.
Son fantôme erre de temps en temps, aux côtés de ses descendants.
Après son couronnement, ce monarque ne fut que bondé, mais, il n’oublie pas que dans ses veines, avait coulé les plaisirs du libertinage.
À la mort de son père et du jour au lendemain,
ses vices s’effacèrent, pour laisser place aux plus rares des vertus. Alors, il ne pouvait manquer cela. 
La grandeur et le pouvoir de ce descendant étaient à leurs paroxysmes.
Elle le dévisage et il sait qu’elle va lui être acquise corps et âme.
L’homme contemple cette femme, ils se regardent, elle tourne sur ses escarpins, lui sur ses bottes, qui ont foulé le sol de l’enfer.
Comme un matador, l’homme replie son bras droit dans son dos et s’approche tout près de la hanche de la femelle.
Il lui souffle des mots qui feraient pâlir le diable lui-même.
Il a des phrases coupantes comme des sabres, qu’il dépose sur du coton.
Il lui chuchote des compliments qui sentent le curare sur un air de Giuseppe Verdi.
Son regard a la profondeur du néant mais la femme y voit des baisers brûlants qu’il va lui offrir en ciel de lit.
Elle y voit des fils barbelés tranchants comme des rasoirs, entourés de mots d’amour, elle ne voit plus que du feu, dans une chaleur qu’elle ne peut plus contrôler.
Il tatouera ses envies et ses ordres, dans les interstices de son corps.
Elle sentira une chaleur prendre possession de son âme, sa volonté sera prise dans de la cire chaude
qui laissera sur son corps un goût de miel.
Dans une attitude sensuelle il recule, et part dans un mouvement charnel,
il ne se retourne pas, ses yeux ont donné des ordres,
elle sera derrière lui, il le sait, elle le suivra jusqu’en enfer s’il le faut
Ou jusqu’au paradis, nul ne le sera jamais !
Le Colisée retrouve son silence, L’Empereur est admiratif,
il repart retrouver ses fantômes.
Il se retourne une dernière fois, regarde le Colisée,
Cet amphithéâtre fut construit par son père, l’Empereur Vespasien, ce fut lui qui termina la construction de l’édifice.
Le monarque à une larme au bord des yeux,
il se retourne, puis il dit avant de disparaître à jamais: VENI, VEDI ,VICI….
Les entités perdues retrouvent le Colisée, elles se cherchent, se retrouvent comme des âmes en peine.
 
Si un jour vous passez dans ce lieu la nuit,
faites silence et priez pour toutes les âmes qui se cherchent… mais faites attention,
il se peut qu’un matador beau comme un dieu avec des yeux de braise
vous approche d’un pas sensuel, mais la suite vous la connaissez……

Anne Cailloux
Membre
24 janvier 2024 16 h 10 min

Moi fille de Poséidon, vous pêchez en ma demeure.. Il manquer juste les volets bleus des cyclades et la chaux pour etre chez moi.
Ce M,inautore, Minos,hypnos… Nikos le capitaine du port de Paros..*Merci pour ce voyage qui pour une fois est gratuit..
Kalispéra.