Du plus profond d’elle-même, et cela depuis le début, jamais elle aurait pensé que sa vie serait comme celle-ci. Non pas qu’elle était malheureuse, elle était bien consciente qu’il y a pire dans le monde, mais à bientôt soixante-cinq ans, elle se remettait en question.
Elle n’éprouvait pas le besoin de faire des séances de psychothérapie. Elle préférait écrire tout ce qui lui passait par la tête, quel que soit le moment de la journée. Elle avait constaté que cela lui faisait énormément du bien et en plus, elle aimait cela. Donc, tout semblait aller pour le mieux.
Sauf que pendant la préparation du déjeuner, sans se faire inviter, une pensée lui traversa alors l’esprit et pendant un court instant, elle laissa la femme plus songeuse que les autres fois.
Toutes les personnes qui partageaient son quotidien depuis maintenant des années vieillissaient au fur et à mesure que le temps s’écoulait. Elle y compris. Et autour d’elle, rien ne changeait, rien ne se passait…
Dans un moment, après qu’elle aurait écrit ces quelques lignes, elle ferait la vaisselle. Ensuite, elle irait s’asseoir à son bureau afin de faire du tri dans ses papiers, faire quelques courriers. Avec un peu de chance, elle échangerait quelques phrases sur Messenger avec la maman de ses deux petits-fils mais rien n’était sûr.
Nous étions samedi et son ex belle-fille était peut-être sortie.
L’heure du thé approchant, elle s’en occuperait pour ensuite le boire avec son mari et manger, pourquoi pas, une compote. Puis la fin de l’après-midi s’écoulerait pour laisser la place au début de la soirée.
Viendrait après l’instant pour préparer le dîner et mettre le couvert. La table serait mise avec son habituel bol de soupe, une assiette, un verre et des couverts eux aussi coutumiers. Les médicaments seraient également de la partie et mis dans un coquetier pour ne pas être égarés.
Car rien de plus casse-pieds qu’un comprimé qui vous échappe à peine sorti de sa boîte et qui décide d’aller sous un meuble. Vous n’aurez pas le choix : il vous faudra alors aller à quatre pattes pour aller le récupérer !
Une fois le repas terminé, la vaisselle ferait son retour. Et comme celles du matin et du midi, elle serait lavée et essuyée avec celle du goûter pour rejoindre le placard où elle avait sa place depuis des années.
Avant d’aller rejoindre son mari sur le canapé du salon et regarder un programme à la télévision, elle dresserait la table pour le petit-déjeuner du lendemain. Mine de rien ce rituel hebdomadaire faisait gagner du temps car malgré le fait qu’ils n’étaient que deux maintenant, il y avait beaucoup de choses à déposer sur cette dite table.
Cela irait de la petite casserole destinée au porridge du mari en passant par les assiettes réservées pour les toasts, les tasses pour le thé, les verres pour le jus de fruits ainsi que les éternels couverts sans oublier le sucre, les sachets de thé… Tout ce qui constituerait un bon et petit déjeuner, mi anglais, mi français.
Les autres aliments, les plus frais, seraient pris dans le réfrigérateur le moment voulu. Les serviettes ne seraient pas oubliées. Elles seraient présentes également comme à chaque repas.
Puis l’heure du coucher clôturerait cette journée de samedi, semblable à beaucoup d’autres journées de la semaine passées également. Semblables également à celles qui passeraient par la suite…
Elle se préparerait alors pour la nuit et irait au lit. Demain serait un autre jour où elle retrouverait ses activités quotidiennes.
Oui, demain serait un autre jour et elle verrait alors si le monde, ainsi que le reste, aura enfin changé et que sa mélancolie qui ne la quittait pas depuis un long moment, sera enfin partie.
Pour de bon.
Texte écrit par Odile Stonham @ Tous droits réservés.
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Oui, demain serait un autre jour, c’est le refrain à lancer vers ton ange gardien avant de t’endormir, et je te souhaite de nombreux lendemains pleins de bonnes surprises !
Un bel emploi du temps où l’utile se joint à l’agréable pour que l’existence soit vivable !
Votre talent Odile, c’est de faire ressortir des émotions, des sentiments, des clichés, des souvenirs et des situations avec des mots simples.
Des choses qui semblent banales, comme ici, la vie de tous les jours que nous connaissons tous, plus ou moins.
Merci pour ce bon et beau moment.
Bon dimanche,
Alain