
LXIV – Que sont mes amis devenus (suite) – Les souvenirs d’avant
Bon nombre de ces amis se sont mariés, certains et certaines étant devenus parrains et marraines des enfants d’autres EJ. N’empêche. Des liens se sont distendus et malgré tout rompus.

Il y avait d’ailleurs dans ces personnes des cousines qui semblent avoir disparues concomitamment. Affaire de famille ?
Dans ces parrains et marraines, il y a toujours des canards boiteux et des canes blessées, il faut se l’avouer.
Un phénomène bien connu a aussi joué son rôle à plein régime. Il mériterait tout un chapitre de ma biographie.

Des personnes que j’ai rencontrées lorsqu’elle traversaient un moment de grande solitude, de grave pauvreté, de sévère dépression ou en postcure (après séjour en hôpital psychiatrique).
Une fois remises sur rail, ces personnes coupent les ponts avec les amis-aidant afin de ne plus être vues à travers le filtre de leur époque de chute libre. Afin de l’oublier elle-même. Leur résilience, ainsi choisies, troque la reconnaissance par le deuil d’amitiés et de souvenirs d’avant. Au début on s’en offusque, puis on s’en étonne, et enfin on s’habitue, on laisse couler. Espérant ce ces amis ne recouleront pas.

Comme en toute situation, il y a des exceptions. Il s’agit d’amis qui, une fois remis à flot, ont voulu aider les autres. Je pense tout spécialement à Michel qui a vécu de lourdes épreuves (suicide de son frère préféré, une épouse le mettant à la porte pour s’approprier leur fils etc) et qui a sombré dans l’alcoolisme. Après un long parcours avec les Alcooliques Anonymes, non seulement il n’a pas eu honte de ses années de « mésaventure », mais il voulut aider les autres à s’en sortir. Lui reste juste le tabac contre lequel il se bat pour ne plus vivre aucune addiction.

Il y a aussi des ami(es) qui ont tellement changé, qu’après un long temps de silence, ils ou elles ne se reconnaissent plus ni dans les photos, ni dans les souvenirs « d’avant ». Entre ces ami(e)s a pu demeurer malgré tout une belle relation durable qui a surmonté tous les écueils de la vie. Comment ne pas penser à l’amitié-fraternité indéfectible de Nelly et Anne ?

Mon désir de ne jamais rompre les ponts m’a conduit à renouer avec des amis non pas perdus, mais distancés de longue date, comme Régis, le chti, que j’ai retrouvé dans sa nouvelle région en tant que locataire de sa belle Ferme Arc en Ciel tout près de Saint Malo. Suite à la rencontre de Sarlat (1983), après des années de pause, nous échangeons à nouveau régulièrement des nouvelles, dont celle de son couple et de ses engagements dans la vie paroissiale.

Pour certains, en effet, ce sont des nouvelles de couple que nous échangions après Strasbourg (1983) et les mariages ensuivis. Les séparations ont bien souvent créé un ravin infranchissable entre amis de ces couples, l’un ayant tenu et l’autre non. Non plus la peur de l’avant, mais de l’après.

Je trouve que cela aurait été évitable car renier un ami séparé ou divorcé c’est lui infliger la double peine. Surtout quand ces taiseux ou taiseuses sont parrain ou marraine des enfants du couple tenu à distance pour cause de rupture. Le prétexte invoqué se résume en « pour ne pas prendre parti ». Comme si les amis étaient des juges. Tout cela est bien loin de l’amitié telle que je la concevais.

Ne suis-je pas resté en de bons terme avec ces amis qui ont mis dans leur lit, voire dans leur vie, mes petites amies alors que nous étions encore ensemble ? Et même envers les soeurs Léaud qui ont tacitement tout fait pour sombrer dans l’oubli?

L’amertume parfois, la rancune jamais pour moi.
Les meilleures « suites » à ces amitiés enterrées par un long silence sont les retrouvailles déjà évoquées, celles qui semblent avoir perduré en sous-sol, dans un silence non voulu, sinon par une vie trop bien remplie. Je me réjouis grandement de ces amitiés avec une résurgence festive après quelques décennies
Pour les autres, j’espère toujours un retour à mes avis de recherche ici et là.
J’avoue que je suis impatient de me laisser surprendre.
Rarement vu une telle fidélité en amitié !