Mes quatre saisons préférées !
(texte publié en 4 parties)
Partie 4
L’automne
Avec toi qui t’imposes à moi comme une loi des plus naturelles, quand l’été semble à coup sûr achevé… Un cycle se termine et il me semble bien avoir eu, dans mon jeune for intérieur, comme l’envie d’en revenir au nid, aspirant à nouveau à la protection d’un toit, d’un foyer, avec chaque année une plus grande charge émotionnelle emmagasinée…
Alors comme l’enfant prodigue, je reviens, rêvant un temps de feux de bois, de champignons arasant à leur plus haut les bords de mon panier et repu du parfum de l’humus respiré à satiété. Malgré cela je n’ai jamais su reconnaître les champignons ! Parmi beaucoup d’autres, paradoxe de ma vie !
Les sabots de bois encore d’usage courant avec leur confort à deux crans ont quitté les greniers. Près de l’âtre, seuls les chaussons de feutre sont gardés libérant de son plus inconfortable carcan notre pied. Ainsi le bonheur est chaque jour pour un temps à mes pieds !
En octobre, promenades dans les bois vont devenir quelques temps ma nouvelle quête, les heures de classes terminées, le soleil rejoignant pour mon plus grand regret sa couche de plus en plus tôt chaque jour.
Balade d’automne avec ses couleurs que l’instit aura su très jeune me faire recopier, aiguisant ainsi ma sensibilité innée. Couleurs et odeurs vont alors se mélanger dans ma mémoire la remplissant à jamais de souvenirs olfactifs puissants, côtoyant ces airs où il était souvent question de mer et de marins que j’ai pour toujours enregistrés sans aucune difficulté tant ils m’ont bercé.
Comme moi, les jeunes enfants que nous étions apprenaient beaucoup de leur odorat à cette époque qu’on pense souvent tellement arriérée. Et pourtant c’était sûrement mieux que la télé, elle qui n’a toujours pas su nous chatouiller le nez…
La nature m’invitait aussi à découvrir avec douceur le passé, la mort sans trop de tristesse. On vivait le rituel des fêtes d’automne qui ponctuent novembre avec ces passages à plusieurs reprises dans notre cimetière de sable. Plutôt bien pour moi qui aimais tant le sable fin et nos plages, jamais bien loin!
On savait aussi que l’automne nous menait à Noël avec ses festivités et d’abord ses regroupements familiaux : un autre art de vivre ! Du mot art on se fichait, mais nous allions vivre l’essentiel… Cette chaleur humaine devenue si rare aujourd’hui…
Bien sûr, je n’ai pas tout dit de mes quatre saisons “préférées”.
Tant pis !
Epilogue
Des quatre saisons que vous pourrez lire et relire dans votre ordre préféré, et présentées ici comme diamétralement opposées selon la roue céleste, aucune oubliée, simplement je me suis permis ici un jeu avec les mots, les miens, rarement compliqués, un jeu que j’ai appris à beaucoup aimer, pour en arriver à ce titre pléonasmé, que peut-être vous trouverez un peu gauche, juvénile, un peu loufoque ou pourquoi pas sénile…
Alors le moment est-il venu de rappeler combien nous sommes à nous exclamer si souvent et solennellement sur un ton de grande prophétie et dérèglement climatique compris (ou non !) : “Il n’y a plus de saison !”
FIN
Bravo et merci pour ces 4 saisons de Vive Rémi !