Mes quatre saisons préférées !
(texte publié en 4 parties)
Partie 1
Prologue
Je dois ces quatre petits textes à mon enfance rurale, juste après la guerre dite deuxième et grande, dans cette île que j’ai adorée ; peut-être pour mieux m’en éloigner, alors que nos journées étaient encore dictées par ce que la nature avait décidé.
Pas de hiérarchie, tous, nous étions faits du même bois. Pas d’agenda, pas de rendez-vous, à peine un vague calendrier pour, un jour, se retrouver dans un champ, s’entraider, moissonner ensemble, vendanger ensemble, des parcelles pourtant, sur ce tout petit territoire, toujours à peine minuscules…
C’est là que j’ai vécu mes douze premières années, grandi, appris tant de choses d’une vie quasi ancestrale, pour beaucoup, en tous cas de plus en plus nombreux à penser plus authentique, chargée en vérité que celle proposée aujourd’hui par un soi-disant progrès, voire développement, tellement triste in fine…
Nous étions là au milieu de ce fougueux XXème siècle qui allait bouleverser le monde, préparant un XXIème bien impétueux !
L’été
C’est par toi mon été adoré que je vais commencer ! Avec tes bonheurs venus de l’extérieur, du plein air et du soleil si fréquent ici…
Soleil qui brûle et oblige à porter casquette ou chapeau et ouvrir le parapluie car parasol est une affaire d’horsin, d’étranger à ce sol, fait d’abord de sable que des alluvions vaseuses ont ici ou là pu souiller. Ainsi auxiliaire de vie au champ comme à la plage, le parapluie accompagne toujours le panier de grand-mère…
Mais il y a le moment le plus fort de la journée d’été resté au plus haut dans mon coeur, quand le soleil est à son zénith que le vent lui-même s’est encalminé. Ce moment où il faut chercher l’ombre du figuier, la proximité du puits où le lapin déjà écorché pour le repas du dimanche pend, la tête en bas, à quelques centimètres de la surface de l’eau, là où règne une fraîcheur digne d’une glacière qui d’une pierre fait deux coups puisque même les mouches en cet endroit vont ignorer le festin dominical accroché ! Je comprendrai le génie de mon aïeul bien plus tard !
Dans ce pays qui combine souvent alternativement et avec subtilité activités agricoles et maritimes, très tôt j’ai aussi connu la félicité que peut apporter le premier rayon d’un soleil émergeant de l’océan ou la venue du premier cri osé par un oiseau de passage sans doute premier sorti de son abri pour fêter cette nouvelle journée… Des moments réservés au chasseur comme au pêcheur avisé très tôt sur pied.
J’y ai aussi souvent entendu le salut de l’âne qui appelle très tôt sa pitance ou le chant du coq impatient de manifester sa présence…
Pour moi, cette saison vécue ici contient les ingrédients de l’authentique bonheur peut-être celui qui règne au paradis !
Je n’oublie pas toutes ces joies infantiles venues des bains de mer que j’ai alors tant aimés, mais leur brève évocation me suffit en cet instant !
A suivre…