Le macaque insomniaque – Christian Satgé

Petite fable affable

 

À  l’heure où, dans le ruisseau, le poisson fraie

Où Bourdon se tape la cloche sans frais,

Macaque a joué, avec une bébelle,

À la bête à deux dos. Voilà tout l’ennui !

Ayant fauté, ce courageux s’est enfui.

Sans l’amante, verte, il s’est fait la belle

Pour toujours, sinon aurait été fatal

À ses jours le droit de son pays natal

Qui condamne les galants qui par trop blaguent

À porter la corde au cou, au doigt la bague.

 

Bon gré, mal gré, il vit ainsi du pays

Sans songer, le jour, à son amour trahie,

Embastillée pour s’être laissée séduire.

Mais la nuit, elle habitait les cauchemars

Tourmentant la conscience de ce zygomard,

Lui reprochant, tout haut, de se méconduire.

Il courut plus loin mais, hélas, sans succès :

Son âme, en excès, parlait par accès

De l’abandonnée qui, elle, fut sincère

Avec ses sentiments. Il fit un ulcère.

 

Il partit ailleurs. C’était pire. Ou pareil.

C’est ainsi que le quitta, las, le sommeil.

Le vent chantait la délaissée à voix basse ;

Pire, il perdit le goût de vivre enfin,

Voyant son visage aux nuages sans fin.

Il revint au pays, crête et queue fort lasses,

Tout tarabusté de remords qu’il était.

Sénèque disait, en son Antiquité,

Qu’où portent nos pas, où mène le voyage,

On emporte ses soucis dans nos bagages.

© Christian Satgé – octobre 2014

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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