L’emmuré des villes – David Frenkel

Il s’isole du monde,

De la clameur immonde

Des voitures ronflantes,

Des machines qui plantent

 

Leur bec pétaradant

Dans le sol dégradant.

Il protège l’oreille

Avec une merveille

 

De l’invention humaine ;

Un baladeur emmène

Le minois renfrogné

Dans un monde éloigné

 

La musique y détruit

La parole et le bruit,

Et l’écoute choisie

Guide sa fantaisie.

 

Le nouvel homme est né

Dans les centres ruinés

Des agglomérations,

Ces lieux de perditions.

 

Aucune exubérance

N’embellit l’apparence

De la gent avachie,

De tristesse enrichie.

 

Dans les villes, les gens,

D’un sérieux affligeant,

Ne sourient plus à l’autre ;

Le mutisme les vautrent

 

Dans un monde exclusif

D’où l’homme corrosif

Muré dans un silence

Hargneusement s’élance

 

Et réduit son prochain

Au méprisant machin

Sur lequel il vomit

Son mal-être ennemi.

 

                               David Frenkel

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David Frenkel

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Je me suis un jour juré de faire cohabiter sur une feuille blanche le verbe et son sujet. Le sujet se rebiffe souvent lorsque le verbe brasse du vent. Vers l’âge de cinquante-six ans, ma plume trépigna d’impatience, elle désirait voir si les deux, après entente et plus, enfanteraient en direct et en toutes circonstances un complément. Je la pris par la main et la promenai le long de mes pages, et en rebroussant souvent chemin. Le front en sueur, elle aperçut après des heures de marche le nouveau-né, la prose d’un écrivain que la vie avait malmené.

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Pascale Jarmuzynski
Membre
11 août 2023 11 h 19 min

Parfois, l’homme ferait mieux de rester coucher plutôt que toujours vouloir inventer ce qui le détruit …..

Jean-Marie Audrain
Modérateur
11 août 2023 10 h 01 min

Eloge parodique du walk man !