Deux compères crapauds vivaient en bons voisins.
L’un ne mangeait que fort peu, jeûnait le matin,
Tandis que le second s’empiffrait la journée,
Et continuait la nuit, sans pouvoir s’arrêter.
A force de manger, le gourmand pris du poids.
Sa feuille de nénuphar, à son très grand effroi
,
Finit même par couler, et ne fut renflouée
Qu’après moult travaux et force bois flotté.
Son voisin et ami maigrissait à vue d’oeil,
Et paraissait perdu, assis seul sur sa feuille.
Et chacun sans rien dire, plaignait son compagnon
Espérant qu’il survive encore à cette saison.
Mais le jour arriva où l’un des deux mourut.
Le choc émotionnel lorsque l’autre le su,
Fut si fort qu’à son tour, son âme le quitta
Et qu’il passa soudain de stupeur à trépas.
Et c’est ainsi qu’ensemble, ils furent mis en bière
Que des porteurs portèrent leurs cercueils au cimetière.
Ce fût très émouvant, et on n’entendit guère
Que les porteurs du gros qui trop lourd le trouvèrent.
Moralité:
Crever gros, crever maigre, ce s’ra toujours crever.
Et s’il fallait vraiment y voir une différence,
Ce n’est pas chez les morts qu’on pourrait la trouver:
Demandez aux porteurs pour voir ce qu’ils en pensent …
Ecrit suite à la lecture de la maxime de Francis Blanche dans Un Oursin dans le Caviar : « Crever gros, crever maigre, la différence est pour les porteurs »
La Fontaine a dû se retourner dans sa tombe, mais bonne mise en scène de l’idée de Francis Blanche ! Hâte de t’entendre chanter tes compositions !
Merci pour ce partage faisant un subtil distinguo entre l’essentiel et le superflu !
Bonjour et bienvenue Michel !
Merci pour cette belle introduction poétique.
Félicitations pour votre parcours et nous avons hâte de vous lire à nouveau.
Bien à vous,
ALain