Le coche & la charrette – Christian Satgé

Cycle pyrénéen

Petite fable affable

D’après La calèche et la charrette

de Joseph Bartélémy de Feraudy

 

Un coche fort brillamment armorié,

Calèche d’un étoffé particulier

Qui se pensait valoir Prince du Sang sans doute,

Allait bon, tout autant que grand, train sur la route

Malgré l’étroitesse d’icelle et ses cahots,

Ses chevaux de race levant le pied haut.

 

Une charrette, menée par un bouvier,

À la marche pesante sur un gravier

Crissant, sur le chemin l’attelage rencontre.

Son cocher ordonne qu’on fasse place, contre

Le manant, tempête et se met à enrager

Face à ces pestes qui tardent tant à se ranger.

 

Effrayées par ce tapage et ces cris les bêtes

En joug donnent à hue, à dia, l’assiette

Mal assurée, chutent au ravin longeant

Cette voie de muletiers, plongeant

Dans les eaux remueuses du torrent qui hurle

Au bas fond, sans remords de la part du banturle.

 

Ainsi disparurent, tous happés par le vide

Bœufs, charrois et vacher à cause de l’impavide

Postillon d’un carrosse pressé qui ne transportait

Qu’un quidam et sa vanité à laquelle attentait

Ce char qui menait aux villages que l’hiver isole

De quoi survivre quand neige et gels tout désolent.

 

Et il en est ainsi sur la voie de nos vies,

Où le faquin friqué, aimant foules futiles,

Prend le pas, ma foi, qu’on en ait  ou non l’envie,

Sur le besogneux ne cherchant qu’à se rendre utile.

© Christian SATGÉ – octobre 2021

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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Jean-Marie Audrain
Modérateur
25 octobre 2021 14 h 08 min

“on en est ou non l’envie” Pas envie de devenir une envie