L’abbaye blanche de Sœur Catherine – Jean Marie Audrain

Exceptionnellement je vais devoir passer du coq à la nonne.

Le coq, c’est celui du clocher de l’Abbaye Blanche à Mortain, une magnifique abbaye médiévale à deux enjambées de Vire en Normandie, et la nonne, c’est sœur Catherine, ancienne danseuse étoile devenue bergère de ce monastère de la communauté catholique du Lion de Juda, renommée plus tard communauté des Béatitudes.

J’affectionnais particulièrement ce monastère qui regroupait des moines, des moniales, des couples et des célibataires qui avaient en commun des dons artistiques. Lieu où l’on chantait, dansait, écrivait, photographiait, sculptait, dessinait, peignait, créait des vitraux, mettait en page des journaux de belle qualité artistique etc

Je m’y sentais comme un poisson dans l’eau. Catherine Buisset était une danseuse étoile en recherche spirituelle, jusqu’au jour où un accident de ski hors-piste la fit chuter plusieurs mètres sous neige dans un trou de sapin en haute montage savoyarde. Après 48 heure à crier au secours, seule dans le froid et dans la nuit, elle a lancé un appel à Dieu : « Si tu me sors de ce trou, je te donnerai ma vie ». A l’aube du troisième jour, un sauveteur entendit ses appels et la ramena saine et sauve.

Catherine fut admise à la communauté du Lion de Juda, et après sa prise de robe, Frère Ephraïm nomma Sœur Catherine bergère de cette abbaye des artistes. Il composa une cantate eucharistique et demanda à sœur Catherine de danser sur cette œuvre chorale. Celle-ci lui répondit qu’après dix ans sans pratiquer, cela lui semblait impossible. Sachant que rien n’est impossible à Dieu, frère Ephraïm confirma sa demande et cette cantate fut chantée, dansée et filmée dans la chapelle de l’abbaye blanche

Après plusieurs séjours à l’Abbaye Blanche, je m’y imaginais très bien comme moine voire comme prêtre artiste. A l’époque il n’y avait pas encore internet, aussi ai-je prié pour trouver comment contacter sœur Catherine. Un jour où je j’attendais mon métro à Montparnasse, les portes d’un wagon s’ouvrent et, voyant, un profil très reconnaissable, je m’écris : « Ne seriez-vous pas la sœur Catherine que je souhaitais rencontrer » et la nonne de me répondre « Vous êtes l’ange que j’ai demandé à Dieu de m’envoyer pour m’aider à porter mes deux lourdes valises ». Je lui ai fait part de mon questionnement et de ma demande.

Nous avons posé ses valises sur un banc du quai et après dix minutes d’échange, sœur Catherine a conclu : « Vous avez un DEA de philosophie et une licence de Théologie, vous n’avez plus besoin d’entrer au séminaire, il vous reste à vous assurer de votre vocation ». Et sur ces paroles, elle me convia à passer 15 jours à l’Abbaye Blanche, temps durant lequel toute la communauté prierait pour moi, mais tout spécialement le père Pierre Aguila qui serait mon référent. Appel entendu, je pris le prochain train pour Vire, direction Mortain. Au terme des 15 jours, le clin d’oeil du Saint Esprit éclaira ma requête : le père Aguila me dit que, lui-même et toute la communauté, avaient reçu la même réponse : ma vocation était « dans le monde », c’est-à-dire laïc et hors monastère. Toute ma vie en sera bouleversée. De ce fait, je ne revis plus ni coq ni nonne. Et je ne suis pas sûr que la suite mérite une nouvelle minute…

 

 

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Jean-Marie Audrain

Jean-Marie Audrain (719)

Né d'un père photographe et musicien et d'une mère poètesse, Jean-Marie Audrain s'est mis à écrire des poèmes et des chansons dès qu'il sut aligner 3 mots sur un buvard puis trois accords sur un instrument (piano ou guitare). À 8 ans, il rentre au Conservatoire pour étoffer sa formation musicale.
Après un bac littéraire, Jean-Marie suit un double cursus de musicologie et de philosophie à la Sorbonne.
Il se met à écrire, dès cette époque, des textes qui lui valurent la réputation d’un homme doublement spirituel passant allègrement d’un genre humoristique à un genre mystique. D’ailleurs, il reçut de la SPAF (Société des Poètes et Artistes de France) un grand diplôme d’honneur en ces deux catégories.
Dans ses sources d’inspiration, on pourrait citer La Fontaine, Brassens et Devos.
Lors de la naissance du net, il se prit à aimer relever les défis avec le site Fulgures : il s’agissait de créer et publier au quotidien un texte sur un thème imposé, extrêmement limité en nombre de caractères. Par la suite il participa à quelques concours, souvent internationaux, et fut élu Grand Auteur par les plumes du site WorldWordWoo ! .
Il aime également tous les partenariats, composant des musiques sur des textes d’amis ou des paroles sur des musiques orphelines. Ses œuvres se déclinent sur une douzaine de blogs répartis par thème : poésie, philosophie, humour, spiritualité…sans oublier les Ebulitions de Jeanmarime (son nom de plume). Un autre pseudo donna le nom à son blog de poésies illustrées : http://jm-petit-prince.over-blog.com/
Pendant longtemps il a refusé de graver des CD et d’imprimer ses œuvres sur papier, étant un adepte du principe d’impermanence et méfiant envers tout ce qui est commercial. Malgré tout il vient d'autoéditer le florilège de toute en vie et dans tous les syles : https://www.amazon.fr/Petit-Prince-Mots-dit/dp/B0BFVZGNYM et d'écrire des chansons pour 3 CD d'Ophélie Morival (puis pour d'autres voix amies) : https://www.youtube.com/watch?v=Q0bvWkljrlw.
Si vous ne retenez qu’une chose de lui, c’est que c’est une âme partageuse et disponible.

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Martyne Dubau
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12 mai 2022 11 h 54 min

les voies de Dieu sont impénétrables , lui seul sait ce qui vaut la peine !