La paresse sur un été – David Frenkel

Je m’endors sur la suave nonchalance d’un été glissant sur la terre ; le souffle des vagues m’assoupit, l’indolence terrestre grise mon corps ; le sol me tachette de gris quand je m’enfonce en lui.

 

Je rêve du firmament. Il étale l’océan à mes pieds et y plante des bleuets d’été. Ils s’élèvent par mille gerbes en un feu d’artifice bleu, puis deviennent des comètes disparaissant dans le flot immense des détritus célestes.

 

J’entends les bruits de l’été, la salve des vapeurs chaudes. L’azur étincelle comme un diamant ; les eaux s’embrassent en haut. Leur étreinte éclaire la face des cieux ; le dais résonne de leurs soupirs ; les eaux béates s’affalent sur moi et s’endorment à jamais.

 

Le visage riant d’un soleil débonnaire se moque de mon sommeil lunaire ; il darde sur moi un œil d’été. C’est la saison des paresses et le temps des caresses. Son regard brûlant effleure la volonté de la touffe des paupières qui tombent paresseusement. La prunelle ensoleillée câline l’homme ; elle me hâle à en avoir mal

 

Je me réveille et me plonge dans l’azur, dans celui qui colore la vague musique d’un océan tapotant sur la baie psalmodiant la cosse de l’été.

 

David Frenkel

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Je me suis un jour juré de faire cohabiter sur une feuille blanche le verbe et son sujet. Le sujet se rebiffe souvent lorsque le verbe brasse du vent. Vers l’âge de cinquante-six ans, ma plume trépigna d’impatience, elle désirait voir si les deux, après entente et plus, enfanteraient en direct et en toutes circonstances un complément. Je la pris par la main et la promenai le long de mes pages, et en rebroussant souvent chemin. Le front en sueur, elle aperçut après des heures de marche le nouveau-né, la prose d’un écrivain que la vie avait malmené.

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