Devant une large assemblée de têtes connues, j’osé déclamer :
Chers collègues, ne vous attendez pas à un grand discours car avec vous il y aurait toujours des surprises
D’ailleurs je me demande pourquoi je suis là avec Rémy aujourd’hui ?
Serait-ce le jour des encombrants. ? Rémy me fait signe que non.
Alors rester à faire une hypothèse : sûrement parce qu’on a le même âge
Ils attendent qu’on leur fasse une scène de même âge
Mais pas question de leur jouer les Gueguette et les Raymond.
Toi Rémy, tu te voyais comment en ce jour historique ?
Pour ma part, je me voyais partant en retraite chauve, la peau fripée, le ventre s’échappant de ma ceinture, le regard éteint…
Et pourtant quand je me regarde dans la classe, pardon, dans la glace, encore un lapsus révélateur. Mais peut-être est-ce vous qui me voyez ainsi ?
En vérité, Rémy, je ne sais pas pour quelle raison tu te retrouves à mes côtés une fois que le jour de foire est arrivé, mais pour par j’invoquerai des raisons purement littéraires.
Tout d’abord des motifs balzaciens. La peau de chagrin. Tout diminue à vue d’œil ; le budget, la reconnaissance, les avancements…
Et puis aussi, encore et surtout, je me considérais comme spectateur sur la scène de ce que Balzac appelait La comédie humaine.
J’ai même vu s’élargir dans cette comédie la famille du cousin Pons et d’Eugénie Grandet entre Folcoche et Jean Valjean. Et maintenant que vous avez toutes et tous épuisé tous les rôles, toutes les typologies, il ne me reste qu’à quitter la scène.
Vous croyez tous que Rémy et moi nous quittons, mais ayant lu Le roi se meurt de Ionesco je peux vous assurer du contraire :
C’est vous toutes et vous tous qui allez nous quitter !
Personnellement, je reviendrai sur la scène de temps en temps car le pli est pris et bien pris.
Le piano désaccordé et la cantine des toqués me manqueraient trop.
Et bien évidemment les collègues de la BU ! et d’ailleurs…
Je vous dis donc à la revoyure car ce n’est qu’un au revoir, au moins jusqu’au 1er octobre. J’aurais appris, avec vous, que faire partie d’une équipe fait toujours plaisir : aux uns quand on y entre, aux autres quand on en sort !
Entrer … hésiter … partir …
quelquefois pour revenir ….
Douce journée à toi Jean Marie.
Une porte se referme. La laisseras-tu entrebâillée ? Et une autre s’ouvre comme par magie sur toute autre chose, à découvrir et qui sera encore une fois merveilleuse.