Je pense bien à vous
Mes jeunes amis qui de suite m’avez conquis
Polynésiens, Guyanais venus, toi de ton océan si lointain, toi de ton immense forêt
Et qui pour cela n’avez rien fait !
Venus pour que vous soit enseignée la modernité
Ainsi vous priver de votre primordiale liberté
Vous apprendre les horloges, les agendas, les rendez-vous et tutti quanti
Vous nés pêcheurs ou chasseurs en perpétuel choix de ce que serait au quotidien votre vie
On vous donnerait d’abord du fric, des allocs
Pour vous apprendre à fréquenter le supermarché de l’obésité et y trouver bouffe comme défroques
Là où désormais le poisson, le gibier vous attendraient en boîte conservés comme,toutes les nuances du salé comme du sucré
L’alcool comme l’herbe pour halluciner disponibles à volonté !
On vous inculquerait le laisser-aller
Et perdre très vite le bonheur ancestral de vous assumer
A peine dix ans et vous seriez une première fois exfiltrés de votre antre bien aimée pour un pensionnat de vos racines tellement éloigné
Sorti de votre cadre naturel pour de suite beaucoup souffrir dans un environnement urbanisé étrangement sophistiqué
Vous initialement si purs
Jetés dans un nouveau monde si étrange à votre immuable culture
Où tout est béton du plancher au plafond
Où même de marcher est formaté et simplement parler codé si difficile à pratiquer pour vous d’emblée ostracisés
Où l’intégration serait un énorme problème
Pour vous Susie, Aiyana à l’avenir bien vite transformé en douloureux trilemme
Qu’on ne peut plus longtemps caché
Pour le choix entre souffrir, renoncer ou encore le suicide acter sans plus tarder…
Bien curieuse aventure que cette occidentale modernité, imposée
Et commençant à être justement controversée…
Ayant vécu en d’autre temps une version très douce de votre histoire chers Susie, Aiyana, particulièrement toi Susie qui, un jour, m’a offert ce collier polynésien me semblait-il pour rien.
Etrange souvenir qui me rend plus que jamais autorisé à vous demander pardon, vous Amérindiens, Africains, Tahitiens et autres Terriens, par un cruel mirage attiré et venus de si loin !
Beau récit sur une culture traditionnelle qui s’amenuise au profit d’une culture de la consommation qui abîme l’homme et la nature. Les cultures traditionnelles évoluaient elles-aussi. Elles peuvent être critiquées. Que proposer de mieux pour l’avenir ? Le passé fait partie du terreau de l’innovation.
Félicitations pour votre parcours Rémi et merci pour vos partages poétiques.