Clé de l’orthographe 55 : le futur dans des textes au passé – Sandrine Marcelly

Bonjour,

Tout d’abord, je vous souhaite une bonne année, pleine de bonnes nouvelles, de joie et de sourires.

Clé de l’Orthographe n° 55

Imaginons que j’écrive un roman, ce qui n’est pas du tout prévu au programme. Je décide que la narration est au présent et je parle des projets du personnage :

« Étienne travaille comme vendeur. Il a cinquante-huit ans et prépare déjà sa retraite. Quand il AURA quitté son emploi, il POURRA enfin voyager, il PUBLIERA le livre qu’il a écrit depuis longtemps et qui traîne au fond d’un tiroir… »

Je change d’avis, je préfère que la narration soit au passé. Que deviennent mes verbes au futur ? Je ne peux pas les laisser tels quels, c’est grammaticalement faux, on a un problème de concordance des temps. Eh bien, dans ce cas, ils prennent le conditionnel :

« Étienne travaillait comme vendeur. Il avait cinquante-huit ans et préparait déjà sa retraite. Quand il AURAIT quitté son emploi, il POURRAIT enfin voyager, il PUBLIERAIT le livre qu’il avait écrit depuis longtemps et qui traînait au fond d’un tiroir… »

Pour mémoire, le conditionnel se construit quel que soit le verbe avec le même radical qu’au futur + les terminaisons de l’imparfait : je voudrais, tu voudrais, il voudrait, nous voudrions, vous voudriez, ils voudraient.

La distinction entre le futur et le conditionnel est d’autant plus compliquée que le texte est écrit à la première personne du singulier (je) parce qu’il est impossible de les reconnaître à l’oreille :

Futur : j’irai, je chanterai, je finirai

Conditionnel : j’irais, je chanterais, je finirais

À l’écrit, en revanche, le « s » change tout, on le voit ici.

Je vous donne un petit truc en cas de doute pour éviter toute confusion : passez votre phrase à la deuxième personne (tu). Pour reprendre mon début de roman, dans la première version, on obtient : « Quand tu AURAS quitté ton emploi, tu POURRAS enfin voyager, tu PUBLIERAS le livre que tu as écrit depuis longtemps et qui traîne au fond d’un tiroir… » C’est du futur, donc je peux écrire : « Quand j’AURAI quitté son emploi, je POURRAI enfin voyager, je PUBLIERAI le livre que j’ai écrit depuis longtemps et qui traîne au fond d’un tiroir… »

Et dans la deuxième version : « Quand tu AURAIS quitté ton emploi, tu POURRAIS enfin voyager, tu PUBLIERAIS le livre que tu avais écrit depuis longtemps et qui traînait au fond d’un tiroir… » donc à la première personne : « Quand j’AURAIS quitté mon emploi, je POURRAIS enfin voyager, je PUBLIERAIS le livre que j’avais écrit depuis longtemps et qui traînait au fond d’un tiroir… »

Si vous avez des questions, n’hésitez pas, je vous répondrAI en commentaire.

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Sandrine Marcelly

Sandrine Marcelly (66)

Un bac littéraire, des études de langues et de linguistique, une vie avec des livres dans les mains… Je suis une maniaque de la langue, des mots, de l’orthographe, au point que mes deux précédents employeurs m’ont chargée l’un de corriger son site internet avant de le mettre en ligne, l’autre de contrôler toute sa communication pendant 10 ans (newsletters, catalogues, plaquette, mails importants…)Je supporte de moins en moins de trouver des fautes dans des livres, des journaux, des publications sur internet ou ailleurs. J’avais donc 2 solutions : continuer à râler dans mon coin, sport national s’il en est, ou agir. J’ai testé la première, sans grand résultat. Je suis donc devenue correctrice relectrice indépendante, pour apporter ma pierre à l’édifice de façon constructive, parce que c’est tellement plus agréable de lire un texte bien écrit, sans fautes !

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1 Commentaire
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Plume de Poète
Administrateur
4 janvier 2023 8 h 38 min

Une très bonne année également Sandrine et un grand merci pour tes partages de ces précieuses clefs de l’orthographe.
Mes amitiés
ALain