Deux couples se promenaient
Un après-midi de congé
Dans leurs petites autos
En avril ou en octobre il faisait beau
Le couple mûr était venu sans son fils de vingt ans
En pleine période de rendez-vous galants
Le jeune couple était venu avec son enfant
A l’âge de monter sur les épaules de ses parents
Ils avaient la même la même vieille voiture
Très répandue peu pratique et peu sûre
Sur le tableau de bord pour éviter les catastrophes
On avait l’habitude de coller un Saint-Christophe
Plus gaies que ces boites les derniers modèles
Ces autos avaient des rondeurs charnelles
Joyeuses machines bruyantes
Qui semblaient vivantes
Elles tenaient une conversation
Ça ne rentrera pas je ne suis pas un camion
Entendez comme je rage pour grimper la côte
Attention dans les virages je suis une rigolote
Pour le plaisir de se saluer
Ils s’amusaient à se doubler
Sans chercher à gagner
Ils se passaient le relais
Le couple mûr s’était appauvri
A la suite d’une soudaine maladie
La route les amenaient à ce petit port
Avec sa falaise à bâbord
Revoir ces lieux de l’enfance
Annonçaient la fin de la convalescence
Pour le jeune couple solidaire dans l’épreuve
L’existence reprenait un tranquille fleuve
En flânant sur le Quai de la Pêche entre Amis
Ils choisissaient des bateaux pour leurs autres vies
Les adultes se racontaient les nouveau-nés
Les déjà partis et les bientôt mariés
Le couple mûr ravi revivait avec le bambin
Le temps où son fils était gamin
L’enfant s’intéressait à tout
Tel que la rouille d’un gros clou
Les galets de la plage
Une bouée de sauvetage
Les anchois dans la saumure
Une odeur de peinture
Le couple mûr commençait une vie plus saine
Un travail avec moins de salaire et de peine
Était-il nostalgique ou soulagé
Abattu ou plein de projets
Le jeune couple craignait qu’à son tour
Le destin le prenne de court
Croyait-il vraiment qu’en étant plus prudent
On peut éviter ce type d’accident
Mais jeunes et moins jeunes avaient trouvé un espoir
Qu’ils allaient récolter jusqu’au soir
Longtemps après quand leur ciel n’était pas étoilé
Ils puisaient encore dans cette réserve de gaieté
Les autos en déplaçant l’air le long du parapet
Produisaient une respiration saccadée
Qui battait la mesure
Des visions de l’avenir qui rassurent
Un dernier dépassement pour se saluer
Et leurs trajets se séparaient
Ils devaient se souvenir encore bien plus tard
Que ce jour était un nouveau départ
Charly, texte déposé
Une vie bien rangé..