Sa figure, coupée par des cheveux filasse,
Laisse entrevoir deux yeux figés par la torpeur
Comme si les affres de sa pauvre vie lasse
Avaient gommé, chez elle, toute trace de peur.
Elle tient, dans sa main, un verre qui la colle
Tant elle s’accroche à lui comme l’ultime recours
Cherchant une réponse au travers de l’alcool
Qui brouille son désespoir sans donner de secours.
Chaque gorgée goulue attaque son visage
Devenant à présent comme un terrain miné
Qui détruit la beauté de l’ancien paysage
Laissant un champs d’horreur inculte et laminé.
Elle cherche l’issue au verre de l’impasse
Et l’esprit se fourvoie pour de brèves carences
Qui lui font oublier l’horreur du temps qui passe
Sur son bel avenir qui n’a plus d’apparence.
Rien ne peut mieux l’aider que cette forte liqueur
Qui gère ses questions dans de fausses quiétudes
Et lui fait retrouver les battements de son cœur
Dedans sa pauvre vie faite de solitude.
© Dutailly – 1993